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EN BREF
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Le monde du tennis commence à prendre conscience des enjeux environnementaux qui l’entourent, mais les initiatives restent fragmentées et souvent isolées. Diverses instances, telles que l’ATP, la WTA et l’ITF, font des efforts variés pour réduire leur empreinte carbone et s’engager vers une plus grande durabilité. Toutefois, ces actions manquent souvent de cohérence et d’une approche unifiée. Par exemple, l’ATP a mis en place des outils comme le Carbon Tracker, tandis que la WTA privilégie le dialogue et l’incitation. Les tournois de Grand Chelem se sont également engagés dans des initiatives environnementales, mais la lenteur et le manque de stratégie uniformisée montrent que le chemin vers une neutralité carbone reste semé d’embûches. Ce tableau souligne les défis auxquels le tennis est confronté face à la crise climatique mondiale.
Le changement climatique représente un défi de taille pour toutes les industries, y compris le tennis. Bien que différentes instances et fédérations commencent à prendre conscience de leur empreinte écologique, les efforts pour lutter contre ce phénomène sont souvent disparates et fragmentés. Cet article explore les actions entreprises par les différents acteurs du tennis, ainsi que les défis qu’ils rencontrent en matière de durabilité et de responsabilité environnementale.
Les acteurs du tennis et leurs initiatives
Le rôle de l’ATP
Sur le circuit masculin, l’ATP a pris des mesures significatives pour évaluer et réduire son impact environnemental. Au cours de l’été 2024, elle a publié son premier rapport sur le développement durable, fournissant pour la première fois une estimation de ses émissions de gaz à effet de serre. Selon les données, excluant les déplacements des joueurs, l’ATP a enregistré un bilan de 6.381 tonnes équivalent CO2 pour l’année 2023, marquant une augmentation de 58% par rapport à l’année précédente.
Face à cette situation préoccupante, l’ATP s’est fixé un objectif ambitieux : réduire ses émissions de 50% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2022 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Pour soutenir cette initiative, elle a lancé le « Carbon Tracker« , une application qui permet aux joueurs de calculer et compenser les émissions générées par leurs déplacements. En 2023, 201 joueurs ont utilisé cette plateforme, bien que ce chiffre ait chuté à un peu plus de 100 l’année suivante.
Les efforts de la WTA
Contrairement à l’ATP, la WTA n’a pas encore publié de rapport de développement durable ni chiffré ses propres émissions de carbone. Elle met plutôt l’accent sur le dialogue avec les joueuses et les organisateurs de tournoi, promouvant des actions incitatives plutôt que contraignantes. Des mesures telles que la réduction des plastiques à usage unique, l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques et la redistribution des repas non consommés à des associations sont encouragées.
Les joueuses sont également conviées à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement en privilégiant l’utilisation de gourdes réutilisables et en optant pour des hôtels soucieux de leur impact écologique. Un exemple notable est le tournoi WTA 500 de Strasbourg, qui mesure activement ses émissions de carbone et incite les spectateurs à utiliser des moyens de transport écologiques.
L’implication de l’ITF
La Fédération internationale de tennis, connue sous l’acronyme ITF, a également pris des mesures en faveur de la durabilité. En 2022, elle a publié un bilan carbone pour l’année 2021, bien que celui-ci n’inclue pas les émissions des compétitions majeures telles que la Coupe Davis ou la Billie Jean King Cup. Par la suite, elle a mesuré ces émissions lors des éditions 2023 et 2024, mais a décidé de ne pas les publier, se considérant « dans une phase d’apprentissage ».
De plus, l’ITF a initié un groupe de travail sur la durabilité des équipements rassemblant des équipementiers et les fédérations nationales, afin de développer des modèles de balles plus durables et de trouver des solutions pour le recyclage des fibres de carbone présentes notamment dans les raquettes.
Les Grands Chelems et leur engagement
Une adhésion à l’initiative de l’ONU
Les quatre tournois du Grand Chelem – l’Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open – ont tous signé, en 2019, le « Cadre de l’action climatique dans le sport« , une initiative de l’ONU qui les engage à adopter des pratiques plus responsables sur le plan environnemental. Cela inclut des efforts pour réduire leur empreinte écologique, promouvoir la consommation durable et sensibiliser le public aux enjeux climatiques.
Claire Hallé, responsable de la RSE de la FFT, souligne que la diversité de la gouvernance rend l’application de ces initiatives plus complexe. Avec plusieurs instances décisionnelles, il devient souvent difficile d’harmoniser les efforts de durabilité. Cependant, des échanges réguliers entre les différents organes de gouvernance montrent une volonté collective d’agir.
Initiatives individuelles des tournois
Chaque tournoi du Grand Chelem a engagé des actions spécifiques. Par exemple, depuis 2009, Roland-Garros a mis en place un programme d’évaluation de ses émissions de carbone et a pris des initiatives pour inciter les spectateurs à choisir des moyens de transports écologiques. Des mesures telles que des réductions sur le prix des billets pour les utilisateurs de transports en commun ou des parkings gratuits pour les covoitureurs sont des exemples concrets de cet engagement.
L’impact environnemental du tennis
La pollution générée par les compétitions
Le tennis est un sport qui se caractérise par des déplacements constants à travers le monde. Les déplacements aériens des joueurs entre les tournois représentent une part significative de l’empreinte carbone associée au sport. Chaque année, des millions de balles sont produites, entraînant des coûts en ressources et en énergie, et finissant majoritairement dans des décharges.
Ces réalités soulèvent des questions cruciales sur la durabilité du tennis professionnel. La recherche d’alternatives plus écologiques et des méthodes de recyclage innovantes devient non seulement nécessaire mais impérative pour minimiser son impact sur l’environnement.
Collaboration intersectorielle
Pour relever ces défis, des collaborations entre différentes instances sportives ont été envisagées. Par exemple, l’ITF a uni ses forces avec des fédérations de sports tels que la voile, le cyclisme et le biathlon pour travailler sur le réemploi et le recyclage des fibres de carbone. Cette coopération intersectorielle offre une opportunité d’apprendre des pratiques d’autres sports et d’appliquer des solutions durables dans le domaine du tennis.
Les défis à surmonter
Une mobilisation fragmentée
Bien que des avancées aient été réalisées, la mobilisation au sein de l’écosystème du tennis reste fragmentée. Chaque instance agit de manière isolée sans une véritable synergie entre elles. La multitude d’organismes, avec des objectifs parfois divergents, complique la mise en place d’une stratégie unifiée pour faire face aux enjeux climatiques. La gouvernance éclatée soulève donc des questions sur l’efficacité des initiatives prises.
Une sensibilisation encore insuffisante
Un autre défi majeur est la sensibilisation du public et des acteurs du tennis aux enjeux climatiques. Malgré l’existence de programmes comme le « Carbon Tracker« , de nombreux joueurs et parties prenantes ne semblent pas pleinement conscients de l’impact environnemental du sport. Des campagnes d’information plus larges et engageantes pourraient aider à créer une culture de la durabilité au sein du tennis.
Le coût des initiatives durables
L’une des raisons pour lesquelles certaines instances se montrent réticentes à adopter des pratiques plus durables est le coût initial. Investir dans l’écoresponsabilité peut représenter une dépense significative à court terme. Cependant, avec le temps, cela peut également devenir un atout marketing, comme le souligne le directeur du tournoi de Strasbourg. Les fédérations doivent convaincre leurs partenaires et sponsors que ces efforts ne sont pas seulement bénéfiques pour l’environnement, mais aussi pour leur image et leur position dans le sport.
Les perspectives d’avenir
Un avenir possible pour le tennis durable
Pour construire un avenir durable pour le tennis, il est impératif que les différentes fédérations et instances collaborent de manière proactive. Établir des objectifs communs, partager les meilleures pratiques et développer une approche unifiée pourraient avoir un impact considérable sur la réduction de l’empreinte écologique de ce sport. Les rôles croissants des joueurs en tant qu’ambassadeurs de la lutte pour l’environnement doivent également être encouragés et valorisés.
L’intégration des jeunes générations
Les jeunes générations, plus conscientes des enjeux environnementaux, peuvent devenir des acteurs clés de cette transformation. En intégrant les valeurs de durabilité dans les programmes de formation et en les incitant à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, il est possible de créer une nouvelle ère de tennis. Cela pourrait également attirer un public plus engagé et dynamique, prêt à soutenir un mouvement pour la durabilité dans le sport.
Le rôle des sponsors et des partenaires
Les sponsors de tennis jouent également un rôle crucial dans cette dynamique. En s’engageant à soutenir des initiatives durables et en intégrant des critères écologiques dans leurs stratégies de sponsoring, ils peuvent influencer les décisions des fédérations et des tournois. Les marques qui adoptent une approche proactive en matière de durabilité peuvent également bénéficier d’une image positive, renforçant ainsi leur position sur le marché.
Pour finir, alors que le tennis commence à prendre conscience de son empreinte écologique, il est essentiel que toutes les parties prenantes s’unissent pour créer un mouvement cohérent et puissant capable de faire face à ce défi global. En agissant ensemble, le tennis a le potentiel de devenir un modèle de durabilité pour les autres sports.
Alors que le changement climatique représente une menace mondiale pressante, le monde du tennis commence tout juste à prendre conscience de ses responsabilités. Des acteurs variés, des organisations aux joueurs, tentent de mobiliser des efforts, mais ceux-ci restent souvent fragmentés et isolés. Il est essentiel d’évaluer ces initiatives, non seulement pour célébrer les avancées, mais aussi pour identifier les lacunes qui existent.
Sur le circuit masculin, l’ATP a franchi un cap en publiant son premier rapport sur le développement durable en été 2024. Ce document propose, pour la première fois, une évaluation des émissions de gaz à effet de serre de l’organisation. Sans compter les trajets aériens incessants des joueurs entre les tournois, l’ATP affiche un bilan carbone de 6.381 tonnes équivalent CO2 pour 2023, soit une hausse de 58 % par rapport à l’année précédente. Leur objectif ambitieux de réduire ces émissions de 50 % d’ici 2030 est un pas dans la bonne direction, tout comme la mise en place de l’application « Carbon Tracker », permettant aux joueurs de compenser leurs émissions.
En revanche, la WTA n’a pas encore publié de rapport formel, se concentrant plutôt sur le dialogue et l’incitation. Bien que certaines initiatives, telles que la réduction des plastiques à usage unique ou des déplacements responsables, soient encouragées, l’absence de chiffres concrets soulève des questions sur l’efficacité et l’impact de ces efforts. Toutefois, certaines manifestations locales, comme le tournoi WTA 500 de Strasbourg, montrent qu’il est possible de faire une réelle différence en mesurant les émissions de carbone et en incitant les spectateurs à choisir des modes de transport écologiques.
Concernant l’ITF, la Fédération internationale de tennis a également pris des mesures, bien que timides. Son premier bilan carbone, daté de 2021, n’inclut pas les émissions des événements majeurs comme la Coupe Davis. Bien qu’elle ait reconnu ses lacunes et ait lancé un groupe de travail sur la durabilité des équipements, le manque de transparence dans la publication des données est préoccupant.
Les tournois du Grand Chelem, quant à eux, ont adhéré en 2019 au « Cadre de l’action climatique dans le sport », ce qui témoigne d’une prise de conscience croissante. Ce cadre les engage à réduire leur empreinte écologique et à promouvoir une consommation durable. Cependant, la multiplicité des organes de gouvernance rend parfois difficile une action coordonnée et efficace, amplifiant le sentiment que ces efforts sont encore trop éclatés.
